etrecadreaveclaCFDT.fr Blog de Jean-Paul Bouchet, Secrétaire général CFDT Cadres

Que du bonheur !

Je reçois dans la même semaine, le dernier numéro de la Revue Cadres, un n° 448 consacré aux « opportunités numériques », et la dernière Newsletter de la CFDT cadres consacrée à divers sujets d’actualités : impacts des technologies sur le travail des cadres, actions des managers en matière de RPS, assemblées générales d’actionnaires ignorant les préoccupations des salariés, compétitivité hors coût, crise de l’euro vue par Michel Aglietta…

Articles de fond, éclairages d’experts, prises de position, témoignages, autant d’informations utiles pour les cadres, autant de connaissances utiles pour l’action. La finalité d’une organisation syndicale est aussi d’incarner cette force de production de connaissances.

Quand la CFDT Cadres est en capacité de faire cela avec autant de qualité et de professionnalisme, le secrétaire général que je suis a de quoi être fier de son équipe et de sa production. Que du bonheur !

La France coupée en mille

Il avait déjà distingué les vrais et les faux chômeurs, les Français qui se lèvent tôt et ceux qui ne veulent pas travailler, les bons et les mauvais élèves en tous genres.

Il n’avait pas encore osé distinguer les vrais et les faux salariés. C’est désormais chose faite après l’accusation directe des représentants des salariés d’Arcelor, des représentants élus par leurs pairs.

A quand les vrais et les faux présidents de la République ? Les vrais et les faux parlementaires selon leur présentéisme à l’Assemblée nationale ? Les bons et les mauvais élus régionaux, municipaux ?

A l’heure de crises et de défis sans précédents qui exigent au contraire de rassembler, de fédérer, de créer les conditions du vivre ensemble, du travailler ensemble, comment un président de la République en exercice, élu par une majorité du peuple français, peut-il autant diviser, opposer ? Un contre-sens. Un déni de démocratie sociale et politique. Un président sorti de son rôle préfigurant sans doute un président sortant.

Longue et belle vie à l’OdC

Bravo et merci à toute l’équipe de l’Observatoire des Cadres (OdC) et de la CFDT Cadres pour la pleine réussite de cet événement Les cadres : une histoire, un devenir unanimement apprécié par les participants, les intervenants.

Un an de préparation pour un résultat remarquable pour plusieurs motifs :

-    La qualité de la production, des documents d’analyse remis dans le dossier du participant
-    La qualité de la réflexion et de la complémentarité des analyses des intervenants à la table ronde
-    La qualité de l’organisation de l’événement qui a rassemblé un large public de 400 personnes et 200 internautes, syndicalistes chercheurs, DRH, employeurs, étudiants, enseignants...

La CFDT Cadres est fière de l’OdC qu’elle soutient depuis sa naissance il y a 15 ans. Longue et belle vie à l’OdC, comme je l’ai exprimé hier à la Bourse du Travail.

Attention, vous êtes fliké(a)

Quelle surprise pour ces nombreux salariés d’IKEA dont des militants CFDT, de découvrir le flicage réalisé à leur insu, au détriment de toutes les règles de droit et de jurisprudence : transparence, loyauté, proportionnalité.

Cybersurvaillance, surveillance des déplacements, des appartenances syndicales, enregistrement de données personnelles dans des fichiers, sans la moindre consultation, ces pratiques ne sont malheureusement pas isolées. Certains grands groupes connaissent parfaitement les pratiques de black-listes de salariés peu désirables, suspects de fréquenter une organisation syndicale non désirée.

Un droit d’alerte reconnu pour les salariés et leurs représentants et une protection des lanceurs d’alerte là où n’existent pas de dispositifs collectifs d’alerte, ces revendications que nous avons portées dans le syndicalisme international sont plus que jamais d’actualité. Ce qui vient de se passer chez IKEA nous le rappelle sévèrement.

Engagez-vous, qu’ils disaient !

« Repenser l’engagement dans le travail », l’article de Jean-Marc Legall (professeur associé au CELSA) dans le Monde Economie du 20 mars 2012 référence deux essais, celui de Norbert Alter Donner et prendre : la coopération en entreprise (La Découverte, 2010) et d’Alexandra Bidet L’engagement dans le travail (PUF, 2011).

Ces deux essais mettent l’accent sur la valorisation du lien social et du travail réel, les « voies de l’engagement au travail », bien loin des modes managériales Le problème des dirigeants, souligne Norbert Alter, n’est pas de mobiliser les salariés, mais de tirer parti de leur volonté de donner, de la reconnaître et la valoriser. Repartir du salarié, de son travail, de ses aspirations pour penser l’engagement ou en faire une politique RH, surplombante, top-down. Suivant le côté où l’on se place, le résultat ne sera pas le même, c’est une évidence. Mon choix est déjà fait, sans la moindre ambiguïté.

Maria, Gerd, Lone et les autres

On ne quitte pas une responsabilité de président d’une organisation syndicale européenne des professionnels et managers occupée depuis 9 ans, sans une certaine émotion.

Les marques de sympathie, d’amitié, de reconnaissance qui m’ont été adressées ce 2 mars 2012 par les participants à ce congrès d’UNI EUROPA Cadres me sont allées droit au cœur. Quand elles viennent d’amis syndicalistes de l’Union européenne, d’Amérique du Sud, d’Afrique, d’Asie, avec qui on s’est battu pour plus de justice, plus d’humanité, elles nous renvoient à l’essentiel, à la finalité de notre engagement partagé dans me mouvement syndical international.

Merci à Maria, Gerd, Lone, José, Christer, Innocent, Ulf, Prayad… et vous tous pour ce que l’on a fait ensemble. Il est des moments qui ne s’oublient jamais.

De l’air, de l’aire !

Laurence Parisot vient de publier son livre Besoin d’Aire expliquant les propositions du mouvement patronal pour la campagne présidentielle. Le titre m’invite à en savoir plus sur ce besoin d’aire, de nouveaux horizons. J’espère des idées innovantes, une réflexion prospective, une vision…

Mais las, je comprends vite que les mêmes plats sont resservis, froids :
-    allègement de charges, un air si bien connu,
-    de la soft-law avec des chartes qui engagent les entreprises plutôt que des dispositifs contraignants.

Des engagements, nous ne demandons pas mieux, mais nous les préférons contractualisés par la négociation collective, plutôt que par des démarches unilatérales au bon vouloir des employeurs qui ne manquent pas parfois d’exercer leur droit de grève. Effet d’image ou acte de responsabilité, il faut choisir !

Décidément, il est temps de changer d’air ou d’aire, à votre choix.

(photo Medef)

Dialogue social de proximité aux professionnels

Dans sa lettre n°40 « Décrypter le social » de ce mois de février 2012, Jean Kaspar, vice-président de l'Observatoire social international, ancien secrétaire général de la CFDT, affirme « la performance passe par un management humaniste ». Il décline celui-ci sous la forme de quatre attitudes fondamentales : donner du sens au travail demandé, passer de chef à animateur, accepter de gérer des tensions et des conflits, et enfin concevoir l’exercice du pouvoir autrement.

Tout cela rejoint parfaitement nos préoccupations, mais il ajoute un élément plutôt inédit et fort intéressant quand il évoque le manager de proximité « acteur de régulation sociale de l’entreprise ». Or ce dernier est souvent tenu à l’écart de tout ce qui concerne les relations sociales, il méconnait le plus souvent le rôle des instances représentatives du personnel et leur utilité, n’en percevant souvent qu’une image négative (empêcheurs de tourner en rond, souvent partis en délégation…).

Articuler dialogue social et dialogue de proximité sur les questions du travail, aves ces managers de proximité directement concernés par la mise en scène du travail, voilà un beau challenge pour notre syndicalisme multi-catégoriel.

Agirc : une si longue histoire !

Mardi 31 janvier 2012, fin d’après-midi, les résultats du vote de renouvellement au Conseil d’administration de l’AGIRC viennent de tomber. La CFE-CGC qui détient la présidence ou vice-présidence de l’AGIRC depuis sa création le 14 mars 1947 perd son fauteuil au profit de la CFDT Cadres, après 65 ans d’exercice de cette responsabilité.

Le nouveau vice-président que je suis n’aurait pas imaginé ce scénario quelques mois plus tôt. Une page d’histoire vient de se tourner. J’ai une pensée émue pour celles et ceux qui m’ont précédé dans mes responsabilités de Secrétaire général ou de Secrétaire national de l’Union confédérale des cadres CFDT, qui se sont dépensés sans compter pour développer un syndicalisme cadre dans une confédération multicatégorielle. Cette élection consacre leur engagement et celui de toute la CFDT pour un syndicalisme non corporatiste reconnaissant la diversité du salariat. Merci à eux ! Il est des jours où l’on est très fier d’être à la CFDT.

S’engager pour quelles valeurs ?

Loyauté et contrat moral, les deux valeurs clés de l’engagement des cadres, selon la récente étude de l’Apec. De quoi interpeller le syndicalisme cadre que nous représentons. Loyauté envers l’employeur, contrat moral envers l’entreprise constituent deux caractéristiques de l’engagement professionnel des cadres, cela n’a rien de nouveau, mais jusqu’où ? Et faut-il parler de valeurs ? Ce regard tourné vers l’interne, la hiérarchie, l’organisation peut-il faire abstraction d’un regard vers l’externe, l’environnement de l’entreprise, la société ? Peut-il faire abstraction de la finalité de l’engagement professionnel ?

Sauf à tomber dans le nombrilisme béat ou la discipline militaire aveugle, la réponse est bien sûr NON. Il n’y a pas de loyauté aveugle. Il n’y a pas  non plus de contrat moral sans responsabilité individuelle faisant place à l’éthique, à la déontologie, aux valeurs. Tout cela suppose questionnement régulier de ses propres pratiques professionnelles, analyse critique des modèles de gestion et de management. C’est aussi là que le syndicalisme est attendu, en appui professionnel des cadres. La CFDT Cadres a toujours répondu présent et n’entend pas s’arrêter là !

Rexecode oublie les cadres !

Quelques biais valent bien un billet... Les Français travailleraient moins que les Allemands et d’autres citoyens européens, telle est la principale conclusion de la dernière étude COE Rexecode, déjà auteur d’un rapport très contesté sur le coût du travail. Cette étude n’est pas sans biais puisque la seule prise en compte de la totalité des temps partiels en Allemagne suffirait à faire la preuve qu’il n’y a pas de différence entre les deux pays. Si vous y ajoutez la non prise en compte, par Rexecode, pour la France de tous les cadres au forfait en jours dont la moyenne hebdomadaire de travail est supérieure à 45 heures, la différence pourrait même être inverse !

Sans compter que la compétitivité est d’abord affaire de productivité pour laquelle la France est en tête de classe. Toute étude de ce type devrait a minima obéir à une rigueur scientifique et non servir une commande politique synonyme de non neutralité, dans cette période pré-électorale.

Le premier qui dit la vérité, il doit être... protégé

Médiator, prothèse PIP, l’actualité ne manque de dossiers à scandales. La question revient sans cesse : « comment a-t-on pu en arriver là ? »

Et lorsque les langues se délient, lorsque la parole est libérée, les mêmes expressions reviennent en boucle : « je savais mais je n’ai rien dit » ou « j’ai alerté mais je n’ai pas été écouté ». Qui doit alerter et à qui, qui doit traiter ces alertes lorsqu’elles viennent de l’entreprise ou l’administration ou de ses clients ou usagers ? Y a-t-il un modèle efficace pour prévenir ces risques et d’autres catastrophes, d’autres scandales. Le débat s’ouvre enfin, à l’instar de l’émission Service Public de France Inter du 9 janvier auquel il m’a été demandé de participer. Comment ne pas s’en réjouir, nous qui avons travaillé sur ce thème depuis des années. Un numéro de notre revue y est consacré, pour une alerte responsable négociée, que nous appelons de nos vœux en 2012.

Deux ans, déjà.

19 janvier 2010, ouverture de ce blog et premier billet posté… que je relis ce matin.

Avec ce blog, je souhaite vous donner un rendez-vous régulier, personnel, à vous les cadres, les ingénieurs, les chefs de projets, les consultants…Que vous soyez du secteur privé ou du secteur public, cadre producteur ou expert ou manager, à vous qui vivez au quotidien des dilemmes professionnels, des difficultés d’exercer votre responsabilité dans de bonnes conditions, qui aimeraient être mieux reconnus au travail, moins connaître le stress et la pression, je souhaite vous dire régulièrement que vous n’êtes pas seuls. A vous qui êtes convaincus que le travail ne peut se résumer à un coût, à des chiffres rassemblés dans quelques tableaux de bord ou à un banal objet de gestion mais qu’il est avant tout le prolongement d’un diplôme, d’une qualification, la concrétisation d’un métier, le cadre d’expression de compétences, de savoir-faire et d’expériences, un espace de relations humaines qui participe de la création d’une identité professionnelle et sociale, je veux vous dire que votre conviction rejoint la nôtre, que nous avons des choses à nous dire. 

Quelques deux années plus tard, 90ème billet. Je ne change rien à ce que j’ai écrit en janvier 2010. Merci de votre fidélité, vous qui êtes toujours plus nombreux à consulter ce blog. La période s’y prête : tous mes vœux pour cette nouvelle année, durant laquelle nous aurons encore des choses à nous dire.

Vive le vent, vive le vent…

Celui qu’on chante à Noël n’est pas la tempête Joachim de ces deniers jours. Mes voisins bretons devant le pétrolier échoué à Erdeven se remémorent le triste épisode de l’Erika.

 

L’être humain serait-il donc incapable de tirer les leçons du passé ? Serait-il aveugle au point de ne pas réagir plus volontairement face au danger climatique, à l’issue du sommet de Durban ? Serait-il incapable de tirer les leçons des crises qui se succèdent et de trouver des solutions de régulation de la finance mondiale ?

 

Il est des moments où l’on rêve d’un grand coup de vent, d’un grand nettoyage, pour repartir sur de nouvelles bases, penser le développement autrement, repenser le vivre ensemble, refaire société pour reprendre la formule de Pierre Rosanvallon. Et si ce coup de vent était en 2012 la somme des souffles de chacun. Vive le vent, vive le vent… et bon moments de fin d’année en famille ou entre amis. A l’an prochain.

Les jeunes RH se passionnent pour le syndicalisme

Quand les élèves d’un master RH s’intéressent à la réforme de la représentativité syndicale. Quel bilan de la loi de 2008 ? Trois ans de nouvelles règles : où en est-on ? Voilà la question posée par les élèves de l’Intensif Relations Sociales du Master RH à l’Université de Lille 1, le 22 novembre dernier.

Pour ma part, c’est toujours un plaisir de débattre avec des étudiants dans un amphi. Quand le public est composé de futurs diplômés de la formation initiale et de la formation continue, cette diversité est une richesse. Quand le débat est préparé avec un grand soin par les élèves eux-mêmes, jeunes ou moins jeunes, interpellant tour à tour le syndicaliste et la DRH cela devient encore plus stimulant. Et quand les questions venant de la salle percutent, interpellent et provoquent le débat, appellent des réponses précises, sans langue de bois, cela devient vraiment un bon moment.

Merci donc aux organisateurs de cette table ronde. A Jean-Marie, Sébastien, Thierry… et à Odile, DRH, qui a accepté de débattre avec le syndicaliste. Ce fut un très bon moment.

Une carence intellectuelle

 

En montrant du doigt les salariés en arrêt de maladie tous fraudeurs potentiels, le gouvernement se trompe de cible et de responsables. Il ne dit rien des 9 à 15 milliards de travail non déclaré et des 4 milliards d’exonération d’heures supplémentaires. Sans compter les centaines de milliards d’euros s’échappant dans les paradis fiscaux. C’est pourtant là qu’il faut chercher la principale fraude et les fraudeurs professionnels.

A l’heure où la France a plus que jamais besoin de solidarité, de cohésion sociale, ce gouvernement a choisi le populisme, la dénonciation, la stigmatisation, le parti des uns contre les autres.

Tout faux ! Qui ose parler de carence ?

Rien de nouveau sous le Medef

« Le nouveau pacte de l’AFEP pour 2012 ». Tiens donc, la puissante Association française des entreprises privées, représentant les plus gros employeurs, aurait trouvé un remède miracle en cette période de crises, qui mériterait d’interpeller les candidats à la présidentielle.

Le syndicaliste que je suis veut en savoir plus et s’empresse d'en savoir plus. Et là, surprise, le nouveau a le goût du réchauffé voire du très cuit « il faut s’attaquer au coût du travail, la cause de tous les maux de la société française… bla bla bla » Sempiternelle rengaine : c'est affligeant.

Le même jour,  il est question d'un 3ème plan de rigueur : pour réduire les déficits, réduire les dépenses, toujours et encore. Les recettes ne font pas recette, auprès des décideurs qu’ils soient politiques ou employeurs. Le compte d’exploitation n’a plus qu’une colonne. Rien sur la fiscalité, les ressources, les leviers de développement et de croissance.

N’attendons pas ou plus des autres un nouveau pacte économique et social. Construisons le nous-mêmes pour une croissance durable, équilibrée. Si les citoyens consentent à faire des efforts, ils attendent des contreparties, de la transparence, de l’équité. Quoi de plus légitime.

Un AAA qui n’a rien de comique

La note de la France pourrait être dégradée par l’agence MOODY’S qui s’est donnée 3 mois pour apprécier la situation économique du pays et plus précisément la question de la dette publique française. François Barouin a déjà assuré que tout sera mis en œuvre pour garder la note du bon élève, le triple A. On sait désormais ce qu’est ce triple A attribué par une agence privée de notation qui dicte sa conduite et la marche à suivre à la puissance publique, ce qui n’est pas sans poser question sur la souveraineté d’un Etat. Nous ne savons pas encore ce qu’est le « fera tout pour » mais nous pouvons le deviner aisément: un autre plan de rigueur après les deux premiers annoncés par François Fillon…qui parlera de dépenses (en moins évidemment) mais pas ou peu de recettes (en plus, cela va de soi !).

Et si l’agence MOODY’S rendait service au gouvernement en cette période électorale pour justifier avec le concours d’un tiers un nouveau serrage de ceinture qui touchera tous les citoyens et surtout les plus fragiles. Qui met la pression sur qui ?

Incorrigible législateur

Simplifier le Code du travail, qui peut être contre, tant ce dernier est parfois peu lisible. La proposition de loi Warsmann en discussion au Parlement doit aller en ce sens. Hélas, il s’éloigne de cet objectif.

Sous couvert de simplification, ce projet touche de nombreux sujets aux conséquences non négligeables pour les salariés. Il modifie des dispositions relevant de la négociation entre les partenaires sociaux : alignement des assiettes de cotisations « assurance chômage » et « retraites », dont les retraites complémentaires et donc modification du financement des protections sociales. Il impose le télétravail dans des circonstances certes exceptionnelles d’épidémie, alors que l’accord national interprofessionnel signé par les partenaires sociaux prévoit négociation collective préalable et volontariat du salarié.

Eternelle question de frontière entre rôle des partenaires sociaux et responsabilité du législateur. Et une réponse qui devrait être basée sur la confiance. Mal parti ! Ce n’est malheureusement pas la première fois. Incorrigible posture dans ce pays !

Blackpéril

Le monde s’est arrêté de tourner pour plusieurs millions d’usagers du BlackBerry. Plus d’email, de SMS, d’accès Internet. Explications de l’opérateur : « défaut de commutateur de cœur de réseau dans l’infrastructure de RIM ». Un langage qui ne va pas rassurer les internautes. La singularité de cette infrastructure, à la différence d’autres opérateurs : une hypercentralisation sur des énormes data centers dont la localisation est tenue secrète. Certes les back-ups existent pour alléger la charge du trafic (les commutateurs), mais quand ils tombent en panne, c’est la cata. Accumulation de trafic, surcharge, indigestion et… maladie infectieuse du système tout entier !  Mais le burn-out BlackBerryste n’est-il pas une maladie contagieuse du patient usager.

Un droit à la déconnexion forcée qui laisse des millions d’usagers sans voix mais qui nous interpelle. BlackBerry, Iphone… « Et si tu n’existais pas ? ». Une autre chanson !

De la rareté du temps continu

Strasbourg – Nantes, 5h de TGV sans changement et avec une prise électrique qui fonctionne, me permettant de travailler et communiquer avec mon ordinateur portable. Merci la SNCF.

Du temps continu pour peaufiner un dossier sensible, écrire un billet sur mon blog, préparer mon intervention de demain. A l’heure où le travail du cadre est de plus en plus interrompu par de multiples sollicitations, quel bonheur de pouvoir travailler 2 ou 3 heures en continu.

Le nomadisme couplé à l’usage des technologies mobiles est le quotidien de nombreux cadres, managers, ingénieurs. Les temps de transport ne sont pas des temps morts et les journées parfois bien longues. Les jours de RTT ne sont pas volés…Merci la CFDT.

Il est 20h30. Pause repas au bar TGV. Il faut savoir s’arrêter. Question d’équilibre.

Avec les journalistes

20 septembre 2011, 08h30. Conférence de presse de rentrée dans les locaux de la CFDT Cadres. Un rendez-vous avec les journalistes est toujours un moment privilégié d’échanges, de questionnement, d’annonces parfois.

Au-delà de la convivialité du moment passé ensemble autour d’un petit-déjeuner, c’est de mon point de vue une réelle opportunité d’un échange sur le fond des dossiers d’actualité, sans langue de bois. Devenir du statut cadre, évolutions dans le monde paritaire cadres et du paysage syndical concernant les cadres, jurisprudence sur le forfait en jours et justification des différences de traitements entre cadres et non cadres : l’actualité sociale de cette rentrée est dense.

Lorsqu’une organisation syndicale représentative des salariés s’adresse à des salariés exerçant le métier de journaliste, un métier à forte identité professionnelle, l’échange a une saveur particulière. J’espère que le plaisir que j’ai eu à échanger était partagé. A suivre, donc.

La RTT est-elle digne d'un don ?

Don de soi, don d’organe, le don a quelque chose de beau, de noble et de généreux. Il est souvent associé à la gratuité et solidarité.

Mais... quand des parlementaires déposent un projet de loi de « don de RTT », sous couvert de solidarité avec les collègues en difficulté... Et quand leur famille politique a toujours condamné la RTT... On est dans le politiquement incorrect.

Dans le compassionnel malsain sur fond de campagne présidentielle. Pas beau du tout. Comme si la RTT pouvait être « digne d’un don » ! Il y a quelque chose qui « cloche » ! Cherchez l’erreur.

Une règle d'or pour les salariés

Les plans d’actionnariat salarié connaissent un succès croissant dans les grandes entreprises, ce que confirme une étude récente du cabinet Hewitt. +25% de participation chez Vivendi, 48 000 sur 135 000 salariés pour la Société Générale sur leur plan 2011. Dans la même période, ces deux entreprises enregistrent des chutes de cours des actions depuis le 1er janvier de -27% pour la première et de -31% pour la seconde.

La crise boursière de 2008 avait suscité la grogne des salariés, sans freiner visiblement l’attrait des salariés pour ce dispositif de plus en plus intégré par les employeurs dans les packages de rémunération globale, sur fond de discours d’implication plus forte des salariés souscripteurs dans la marche de l’entreprise.

Mais la glissade de ces derniers jours devrait porter un coup dur à l’actionnariat salarié. A moins que les leçons du passé ne soient pas retenues. Que maîtrise réellement le salarié dans tout cela ? De quoi est-il acteur ?  Réaffirmons que le premier levier d’implication des salariés est la finalité économique et sociale de leur activité et la reconnaissance effective de leur travail. C’est bien l’apport de travail, de compétences, d’intelligence et non l’apport de capital qui devrait être pris en compte dans les politiques de rémunération. Sans quoi, c'est la double peine : perte de pouvoir d’achat et perte d’emploi. Tout comme la cohésion sociale dans cette période agitée, ce devrait être une règle d’or.

L’intelligence collective au service du social

Ce sont en ces termes que j’ai conclu mon discours de nouveau président à l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires) ce vendredi 8 juillet 2011. La fonction de permanent syndical peut conduire à la prise de responsabilité de ce type de président d’institut ou d’organisme paritaire. Une responsabilité économique et sociale comme celle que devrait assumer tout employeur.

La particularité de cet Institut, il est au service des organisations syndicales représentatives des travailleurs. Une illustration, les derniers résultats très riches d’enseignements d’une étude d’analyse comparée sur la négociation collective en Europe. 

La particularité de cette responsabilité, elle s’exerce au sein d’un Conseil d'administration où sont représentées les organisations syndicales, mais aussi le monde académique et scientifique et l’Etat, principal financeur de l’Institut, même si sa subvention baisse d’année en année.

Le social a plus que jamais besoin d’intelligence collective. L’Ires entend bien y contribuer.

Singularité française.

Des députés de l’UMP qui idéologisent sur les 35 heures, des juges qui rappellent les employeurs à leurs devoirs et les politiques à plus de conformité aux règles européennes pour mieux encadre le forfait jours, décidément, la question du temps de travail n’en finit pas d’occuper la sphère médiatique. Et les salariés et leurs représentants dans tout cela, où sont-ils, qu’en disent-ils ? Quand leur donne t’on la possibilité de parler temps et charge de travail, équilibre entre vie professionnelle et personnelle, la possibilité si ce n’est le devoir d’alerter sur les problèmes de santé au travail. C’est là prioritairement que devrait se libérer la parole sur le travail, les conditions du bien faire son travail sans s’user au travail et non dans les couloirs de l’Assemblée nationale. Curieuse singularité française.

Le forfait jours, une singularité française, précisément pour un public majoritairement de cadres, de managers. Des managers européens qui nous envient ce dispositif unique en Europe. Une Europe qui précise des règles communautaires sur le temps de travail exprimées en heures par semaine, auxquelles renvoie la Chambre sociale de Cour de Cassation. La boucle est bouclée. Gare à ne pas oublier les cadres, premiers concernés dans cette boucle, ce serait une autre singularité, bien regrettable, comme si le temps de travail était devenu une question hors sol !

Salaires des dirigeants : le torchon brûle entre le Medef et Bertrand

Par la voix de Maurice Lévy, représentant l’Association française des entreprises privées (Afep), le patronat s’oppose à Xavier Bertrand sur la question des salaires des dirigeants. Rémunérations raisonnables, dit le représentant de l’Afep qui a produit un code de bonne conduite Medef-Afep sur ce thème. Rédiger un code, c’est bien, le faire appliquer, c’est mieux, rétorque le second.

Le match est lancé, la rencontre de ce jour signera t’elle la fin du match ? Rien de moins sûr. C’est bien une question de pouvoir et d’autonomie qui sont au centre des débats. Si le patronat n’arrive pas à faire la police chez lui, le gouvernement gendarme saura sanctionner si besoin y compris par la taxation, précise le ministre. Il n'y a aucune raison qu’un texte de loi décide de cela, il y a une démocratie dans l’entreprise qui fonctionne très bien…avec une Assemblée générale qui décide, argumente l’Afep.

Pour les salaires des dirigeants, la CFDT a déjà arbitré. C’est par la fiscalité que cela doit se traiter. Mais pour la démocratie dans l’entreprise, nous attendons des signes forts d’acceptation des contre-pouvoirs et de responsabilité sociale de la part du patronat...

Aux côtés d'une génération engagée

Placé sous le signe d’une génération engagée, le 3ème congrès de la Confédération étudiante s’est achevé ce lundi 13 juin juin à l'Université de Jussieu. Améliorer les conditions d’études et de vie des étudiants, l’accès au logement, défendre les étudiants qui travaillent (stages, jobs étudiants, saisonniers, alternance…) des revendications qui ont largement alimenté les débats.

La première table-ronde du congrès posait la question « les entreprises et les universités ont-elles retenu les leçons de la crise ? ». Question à laquelle j’ai été invité à répondre aux côtés de Patrick Hetzel, directeur général de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle, Louis Vogel, président de la Conférence des présidents d’universités et Thierry Cadart, Secrétaire général du Sgen-CFDT.

 

Si les entreprises ont peu ou pas tiré d’enseignements de la crise, le monde académique est questionné dans sa capacité à promouvoir dans ses cursus de formation initiale et continue l’apprentissage de la coopération plus que la compétition, de la confrontation et du débat contradictoire plus que du « béni-oui-ouisme ». Les futurs managers n’ont pas d’autres alternatives que de penser durable, soutenable et socialement responsable. Le chantier est immense. La coopération entre la Cé et la CFDT Cadres doit y contribuer.  

Moitié…moitié…

Le compte n’y est pas encore mais la proposition d’un congé d’accueil de l’enfant de 8 semaines à partager entre le père et la mère est un premier pas !

En écho à la proposition de la CFDT Cadres d’un congé paternité de deux mois, le rapport de Brigitte Grésy remis à la ministre de la Solidarité et des Cohésions sociales le 7 juin suggère d’allonger de fait le congé réservé aux pères en répartissant différemment les congés actuels autour de la naissance d’un enfant : 12 semaines de congé santé lié à la naissance pour la mère, suivies de quatre semaines de congé d’accueil de l’enfant et si papa prend le relai pendant les quatre semaines suivantes…bonus supplémentaire d’une semaine ! L’enjeu : changer l’image de la parentalité dans le monde du travail en impliquant plus visiblement les pères dans la vie familiale.

Un premier pas pour sortir de l’improvisation et des compromis peu satisfaisants que connaissent les jeunes parents qui tentent d’articuler vie personnelle et investissement professionnel. Un enjeu social pour les entreprises qui sera peut-être demain un enjeu concurrentiel !....Affaire à suivre….

Le temps presse

La table-ronde sur le temps de travail organisée jeudi 19 mai par l'entreprise spécialisée dans la gestion des temps Horoquartz, en présence du Directeur général du Travail Jean-Denis Combrexelle, le président de l’ANDRH Ile-de-France Pierre Havet et un syndicaliste, moi-même, aura une saveur particulière à quelques semaines d’une décision très attendue de la Chambre sociale de la cour de Cassation sur le forfait jours pour les cadres.

Ce dispositif législatif excluant tout décompte horaire et tout plafond hebdomadaire de temps de travail est-il conforme à la réglementation européenne ou non ?

Les 200 DRH attendus pour cet évènement seront sans doute fort intéressés le point de vue des intervenants sur ce sujet très sensible qui suscite de nombreuses inquiétudes dans la communauté RH, mais aussi... auprès des millions de cadres plébiscitant ce dispositif de compensation d’un fort investissement au travail et soucieux en même temps de leur équilibre en vie professionnelle et vie personnelle.

Les fonctionnaires véritablement bernés

« Moins nombreux, mieux payés » avait promis le Président !

Moins nombreux : c’est une évidence et tous les citoyens le mesurent dans les hôpitaux, les écoles, les quartiers. Mais mieux payés... c’est pas pour demain. Après 2010 et le gel des rémunérations, 1er janvier 2011 et l’augmentation de la cotisation retraite, c’est le blocage annoncé (sans ménagement) par le Ministre pour 2011 et 2012.

 

Pourtant, les fonctionnaires à tous les niveaux ont encore (eux) le souci du service public et de l’intérêt général. C’est même ce qui les motive, les cadres l’ont massivement affirmé dans l’enquête de la CFDT Cadres. Au-delà des questions de pouvoir d’achat, c’est le mépris affiché qui devient intolérable.

Hope in management

A quel prix un nouveau management est-il possible ? Le dernier livre de François Dupuy Lost in Management décrit la façon dont les organisations ont perdu le contrôle d’elles-mêmes et dont les cadres ont perdu le contrôle du travail. Mais également le désarroi de ces derniers, pris en étau entre les instructions de la direction et la gestion au quotidien.

F. Dupuy esquisse quelques propositions en s’appuyant sur quelques expériences d’organisations ayant échappé à « la logique du  management perdu ». Ces propositions s’articulent autour de 3 piliers :
-    Une culture de l’interdépendance accrue des services et des personnes,
-    Une culture de la confrontation qui évite les conflits et les crises,
-    Le rétablissement de la confiance, clé de la réussite des organisations.

Cela n’est pas sans similitude avec ce que j’écrivais dans un billet ce de blog le 14 janvier 2011. Il y a urgence à penser le management autrement tout simplement pour que les managers puissent travailler autrement, ce à quoi ils aspirent et nous disent chaque jour, un peu plus et un peu plus nombreux. Un management basé sur une coopération renforcée plus qu’une compétition, basé sur une co-construction des règles du « travailler ensemble », laissant place à la controverse sur le travail sa finalité. Le troisième pilier qu’est la confiance passera aussi et inévitablement par un dialogue social renforcé dans les entreprises. Hope in management !

Gouvernance : quand Bruxelles ouvre les yeux

Le commissaire européen Michel Barnier s’attaque aux actionnaires et aux conseils d’administration. Que leur reproche t’il donc ? Trois défaillances majeures, nous révèle le journal La Tribune dans son édition du 6 avril : manque de contrôle, comportement de « passager clandestin » et « court-termisme rampant ». Rien que cela ! Et de rajouter, manque de diversité, faible taux de femmes, cooptation entre amis, conflits d’intérêts…

Stop ! La coupe est déjà trop pleine. Un trop plein que nous dénonçons depuis des années à la CFDT Cadres et qui appelle de nouvelles règles de gouvernance. Ce n’est pas d’un constat ou d’un rapport de plus dont nous avons besoin, mais bien d’actes concrétisant le courage politique de s’adresser aux vrais causes de ces situations.

Puisse le Livre vert européen entendre enfin nos propositions en matière de gouvernance. Il est des jours où nous en avons (vraiment) assez d’avoir raison trop tôt !

Autisme public

Les cadres des fonctions publiques l’ont dit dans l’enquête de la CFDT Cadres : ils ont porté les réformes, ils y ont cru, ils n’en peuvent plus ! Ils sont écartés des décisions, se sentent méprisés et ne voient pas le sens et l’intérêt des réformes qu’ils doivent appliquer. Ils concluent : « les réformes ont confisqué ce qui faisait la fierté du service public ».

A quelques jours près, le médiateur de la République remet au Président de la République son rapport annuel. Que dit-il ? les réformes et particulièrement la RGPP ont eu pour conséquence une dégradation de la qualité des services publics pour l’usager et des conditions de travail des agents. Le réquisitoire est sévère.

Et pendant ce temps là….le ministre du Budget se réjouit devant le Parlement des réductions d’effectifs dans la Fonction publique grâce à la RGPP et annonce la poursuite des réformes….

Vivons-nous dans le même monde ? L’autisme gagnerait-il nos responsables politiques ?

Un peu de dignité et surtout de la solidarité

Les Japonais dénombrent leurs morts, cherchent encore des survivants et pansent les plaies des victimes. En France, comme ailleurs, de nombreux acteurs se querellent sur l'avenir du nucléaire, les modèles de croissance et de développement.

Un peu de dignité et surtout de la solidarité ! Une solidarité que les organisations syndicales affiliées à Uni Global Union entendent exprimer pleinement avec nos amis Japonais avec qui nous étions en congrès, en novembre dernier, à Nagasaki.

Renault habille en court

Ou comment tailler un short à trois cadres dirigeants, victimes d’une bien mauvaise recette.

Vous réunissez dans le même saladier deux ingrédients : 1/ l’anonymat des plaintes ou alertes en milieu professionnel ; 2/ la cooptation des membres du comité chargé de les recueillir et de les traiter, et vous disposez d’un cocktail explosif qui peut vous sauter à la figure à tout moment.

Quand les employeurs comprendront-ils donc que l’anonymat est la porte ouverte à toutes les calomnies, les mensonges, et règlements de comptes des plus pervers.

Quand comprendront-ils que l’absence de consultation sans même parler de négociation des dispositifs d’alerte constitue un risque pour l’entreprise.

Puisse cette cruelle expérience pour les cadres incriminés servir de leçon. Alerter de façon responsable ou dénoncer calomnieusement. Les recommandations formulées dans le numéro 439 de la revue Cadres de juin 2010 « Dénoncer ou alerter » n’ont jamais été autant d’actualité. A lire impérativement.

8 mars, journée des pères et des mères. OBLIGATOIRE

« La paternité pour relancer l’égalité professionnelle. Un congé paternité obligatoire » ; Non, il ne s’agit pas d’un nouveau slogan du MEDEF, après l’annonce de Laurence Parisot de rendre le congé paternité obligatoire, mais du titre de notre conférence de presse au Conseil économique et social et environnemental de ce matin 8 mars 2011. Une conférence préparée depuis plusieurs semaines pour médiatiser notre revendication d’un congé de paternité de deux mois et notre Revue Cadres de janvier 2011 «  Egalité, paternité, liberté » qui précise les détails de cette revendication. 

  La CFDT Cadres se réjouit de la position de Madame Parisot qui rejoint ainsi notre revendication. Chiche ! Mais il faudra qu’elle nous explique, après avoir refusé l’allongement du congé maternité pour des raisons de coût quelle recette elle utilisera pour financer un congé obligatoire qui soit attractif pour les salariés y compris les cadres, très demandeurs, à condition qu’il y ait une compensation salariale.

Au-delà de l’effet d’image en ce 8 mars, nous attendons des engagements fermes de la part des employeurs publics et privés et des politiques pour promouvoir l’égalité dans les faits, dans les actes. Là commence l’épreuve de vérité. Une coresponsabilité entre salariés, employeurs et puissance publique, qui exige un cofinancement, OBLIGATOIREMENT.

Stress Business

Non, ce n’est pas le titre du dernier Clint Eastwood ou Woody Allen mais celui d’un article fort sérieux d’une revue sociale, qui précise :

« Les entreprises de formation émanant du MEDEF entendent aussi profiter du marché lucratif des risques psycho-sociaux. A l’instar d’UDEL Entreprise et Formation qui vient d’être retenue par 3M France pour former les managers à la prévention du stress, de préférence à deux cabinets concurrents. ». Je crois rêver !

Après avoir organisé l’intensification du travail, refusé de conclure positivement la négociation sur la pénibilité, le Mouvement des entreprises de France entend bien faire profiter à ses entreprises adhérentes d'une part du gâteau du marché des risques psycho-sociaux. Il fallait y penser !

La triste morale de cette histoire vraie : plus les salariés iront mal et plus le marché sera porteur, alors à quoi bon négocier la prévention des risques dans un tel contexte. 

Le lecteur salarié appréciera.

Merci Gaby !

La vie des organisations est faite d’arrivées et de départs de militants, de personnes ayant accepté de consacrer une partie de leur vie professionnelle à un engament, une cause. Lorsqu’il s’agit d’une organisation syndicale, on parle le plus souvent d’un engagement social, sociétal ou même politique.

En écoutant Gaby Bonnand, ancien Sécrétaire national et Trésorier confédéral - aujourd'hui Président du Bureau de l'Unédic - lors de son pot de départ de la Confédération, après plusieurs années d’un engament, d’un investissement professionnel remarquable, je n’ai pu m’empêcher de faire une comparaison avec d’autres pots de départ auxquels j’ai assisté en entreprise pour fêter le départ d’un collègue. Même convivialité, même affluence, mais cette petite différence, tout de même : cette passion partagée, communicante, avec tous les présents, pour une cause commune, la paix, la démocratie sociale, l’émancipation et la responsabilisation des individus.

On ne fait jamais le choix d’un engagement syndical de cette nature par hasard. Je n’ai pas fait ce choix d’être Secrétaire général de la CFDT Cadres par hasard et Gaby y est pour quelque chose. Au revoir Gaby, et merci, tout simplement. Ce n’est que du bonheur.

Inégalité de traitement

 

 

 

 

 

Présomption d’innocence pour les uns,
Présomption de culpabilité pour les autres,
Dépenses non limitées pour les uns,
Restrictions budgétaires pour les autres,
Jet privé pour les uns,
Promesses de recrutements non tenues pour les autres,
Appel à la responsabilité des uns,
Cri à l’injustice des autres,
Membres du gouvernement contre magistrats,
Ou les uns contre les autres.

Médiator, combien de torts ?

L’affaire Médiator questionne publiquement la gouvernance globale de l’industrie des médicaments : rôle de l’Etat, des entreprises et des agences intermédiaires ; conflits d’intérêts entre société civile et responsables politiques, entre le scientifique et le commercial, entre l’intérêt général et l’intérêt particulier.

Mais attardons nous sur l’entreprise elle-même : quel est l’effet sur l’organisation du travail d’un management héréditaire et du capitalisme familial ? Quel est le partage des rôles et des responsabilités ? Les méthodes de performance Servier sont-elles en cause dans l’affaire Médiator ? Quelle est la place des cadres et des managers au cœur d’un système patriarcal que les français sont les seuls à maintenir ?! Y a-t-il des contrepouvoirs internes ? L’affaire Médiator relance la question des lanceurs d’alerte, dont nous réclamons depuis longtemps la protection et des dispositifs négociés d’alerte professionnelle.

La performance, les performances ? Individuelle, collective, globale ?

Plus de 270 inscrits pour le colloque de l’Observatoire des cadres du vendredi 28 janvier 2011« Tous performants ! Management et Performance à l’épreuve des pratiques ». Je serai tenté de dire « belle performance » quand il faut à notre regret refuser des inscriptions.

Mais la performance d’un colloque ne saurait se mesurer à ce seul critère ; la finalité première n’est-elle pas de susciter des questions, des débats, des échanges, de la controverse, autant de critères difficiles à « enfermer » dans quelques indicateurs de performance. Ne faudrait-il pas aujourd’hui parler de performances, tant la seule performance financière a montré ses limites et tant elle ne saurait être la somme de performances individuelles ? Les nombreux intervenants en débattront. Vivement demain.

"Jean-Paul ? C’est un jour historique !..."

Jeudi 13 janvier 2011, 20h45. Un appel important : mon portable affiche "Habib", mon ami tunisien, syndicaliste engagé depuis de très nombreuses années dans le combat pour la démocratie et la pluralité syndicale dans son pays. Sa voix est noyée d’émotion. "Jean-Paul, c’est un jour historique : le président Ben Ali vient de parler à la télévision… Il a annoncé le retour de libertés…Je voulais te prévenir en priorité".

Son émotion doit être contagieuse. Je pense à ces années qu’Habib a passé en prison puis en liberté conditionnelle, puis étroitement surveillé dans toutes ses initiatives. Je sais le prix  qu"'il a payé, ainsi  que son épouse et ses enfants, pour un engagement syndical : un combat pour la démocratie.  Je repense à notre première rencontre il y a 10 ans lors d’une université d’été de notre réseau rassemblant syndicalistes, universitaires, chercheurs, responsables d’ONG et d’associations. Je repense à toutes ces années de coopération et de soutien de mon organisation pour tous ces combats. Tout cela n’aura donc pas servi à rien.

Quelques jours à peine se sont écoulés. Ben Ali a quitté le pouvoir et l’avenir politique est incertain. Les scènes de pillage se poursuivent. Le chaos profite toujours à certains. Les forces démocrates, les acteurs de la société civile organisée doivent reprendre la main pour écrire l’avenir du peuple tunisien en lettres de liberté. Si la démocratie n’a pas encore gagné, la dictature est vaincue. L’horizon incertain ne doit pas nous priver d’un cri de joie et de soulagement.

Autrement.

Manager autrement, c’est le thème d’un programme de recherche de Lyon Ecole de Management où je me rends cet après-midi, c’est aussi le cœur d’activité de la majeure HEC Alter-Management dans laquelle la CFDT Cadres est impliquée.

Le monde académique s’interroge sur les limites des modèles actuels de management, tant du point de vue du pilotage des activités des entreprises et administrations et de leur mode de gouvernance que des pratiques managériales au quotidien. Ces limites, quand ce ne sont pas de graves déficits qui peuvent conduire à des catastrophes comme la crise en a révélées, nous interrogent également, syndicalistes et cadres. Le prochain colloque de l’Observatoire des Cadres du 28 janvier 2011 y sera largement consacré. Nos travaux sur un management responsable, y compris socialement participe de ce même mouvement, que nous portons dans le syndicalisme européen et international. Ce mouvement de fond ne s’arrêtera pas tant il y a urgence à penser le management autrement tout simplement pour que les managers puissent travailler autrement, ce à quoi ils aspirent et nous disent chaque jour, un peu plus et un peu plus nombreux. Je les entends, nous les entendons.

35 heures : une drôle de valse à plusieurs temps

Le cadre juridique national du temps de travail s’est construit en 8 temps (3 lois de création et 5 lois d’assouplissement et de détricotage),  faut-il encore faire valser le code du travail ? Manuel a ouvert le premier temps d’une nouvelle valse sans bien maîtriser les temps suivants. Jean-François Coppé s’est occupé du second temps.

Et après ?

 

Les apprentis sorciers devraient se souvenir que la France travaille déjà en moyenne plus que la durée légale. Les cadres en savent aussi quelque chose, pour une grande majorité d’entre eux au forfait jours. 

 

Il est urgent de quitter l’idéologie pour revenir aux réalités. Décidément, le temps des politiques n’est pas celui des salariés.

Négocier les virages en toute sécurité

Plus de trois heures de négociation ce mardi 21 décembre pour sécuriser l’avenir de l’Apec, Association pour l’emploi des cadres. Rebelotte l’après-midi dans la même salle du Medef pour pérenniser les régimes de retraites complémentaires des salariés du privé. Voilà qui s’appelle une journée bien remplie. Je n’ai pas vraiment l’habitude d’enchaîner ainsi deux séances de négociation sur des sujets fort distincts, qui ont pourtant un point commun : sécuriser un avenir, celui d’un mandat de service public et d’un périmètre d’activités pour l’Apec. Et par voie de conséquence, celui de ses salariés, celui d’une part importante des revenus des retraités d’aujourd’hui, et de demain pour les régimes de retraites complémentaires Arcco et Agirc.

Et un trait d’union ou un fil conducteur d’une bonne conduite pour négocier ces deux virages dans de bonnes conditions : regarder l’avenir avec lucidité, mais également avec confiance, en faisant le pari dans les deux cas de l’intelligence économique et sociale et de la solidarité entre les générations.

Je vous souhaite de très bonnes fêtes de fin d’année et à très bientôt en 2011 sur ce blog.

Quand la Cnil joue les gendarmes

Lorsque les entreprises abusent d’une possibilité offerte par un cadre règlementaire défini par la Commission nationale Informatique et Liberté, celle-ci se voit obligée de sortir le carton rouge et de réviser son autorisation. De quoi s’agit-il ? Des dispositifs d’alerte professionnelle initialement prévus pour prévenir les risques de corruption financière. La Cnil avait étendu ce dispositif à d’autres risques en précisant « des faits qui ne se rapportent pas à ces domaines comptable, financier, bancaire, lutte contre la corruption, peuvent toutefois être communiqués aux personnes compétentes de l’organisme concerné lorsque l’intérêt vital de cet organisme ou l’intégrité physique ou morale de ses employés est en jeu ». Chacun sait désormais ce qu’il advint : abus, dérives, délation organisée et instrumentée par les logiciels… Et pas la moindre concertation des  IRP, pas la moindre négociation collective de dispositifs de préventions des risques de toutes natures. Si le carton rouge est plus que mérité, il ne résout en rien les problèmes qui se posent au quotidien aux salariés et aux cadres en particulier. Si la Cnil rappelle que les entreprises doivent informer les salariés que ces derniers devront privilégier les voies classiques (voie hiérarchique, information des représentants syndicaux ou services RH), elle n’invite pas au dialogue social. Une occasion manquée.

Syndicalisme, pédagogie et démocratie

Orléans, un mercredi soir ; je suis invité par les jeunes dirigeants du CJD à parler syndicalisme et relations sociales à la veille d’un vote dans les chambres consulaires. L’annonce par le Premier Ministre François Fillon d’un engagement du gouvernement à réformer les règles de la représentativité patronale amplifie la pertinence du choix du sujet de la table ronde où sont conviés le Medef local, la CGPME et des fédérations patronales !
Derrière cette question centrale de la représentativité, les sujets sous-jacents : légitimité, crédibilité, proximité réelle, représentation effective, défense d’intérêts... Mais lesquels ? Individuels, particuliers, corporatistes ou intérêt général ? Ces questions traversent le syndicalisme qu’il soit patronal ou celui des salariés.
Des points de vue différenciés, confrontés dans un débat riche et ouvert… ET un point d’ancrage partagé, le syndicalisme peut être un formidable levier d’éducation, de pédagogie, de démocratie, à condition que les acteurs en aient la volonté politique et les moyens dans le respect de leurs différences et de leur propre légitimité. Un grand merci à Sylvie du Centre des Jeunes dirigeants local d’avoir pris cette initiative d’un débat qui a ravi les 50 participants.

Des innovations sociales pour nourrir l'Europe

Lundi 29 et mardi 20 novembre, Bruxelles, Assemblée générale d’EUROCADRES, le Parlement syndical européen des cadres fort de plus de 5 millions d’adhérents ! Une Europe à la peine pour réparer les effets des crises qui se succèdent. Plus que jamais, l’Europe doit faire preuve d’innovation, économique, sociétale, environnementale.

"Innovation", le mot clé de la conférence organisée par EUROCADRES dans le prolongement de son Assemblée annuelle. Tous les acteurs sont concernés par ces innovations, du militant politique au militant syndical, sans oublier les entreprises et les employeurs qui ont beaucoup à faire en ce domaine.

Jeudi 2 et vendredi 3 décembre, Budapest pour présider un séminaire de UNI-Europa Cadres sur le "work-life balance" et le "work-life management". De riches échanges de réflexions, de pratiques, d’analyses croisées entre chercheurs, scientifiques, syndicalistes et employeurs pour promouvoir les équilibres, prévenir les déséquilibres.

Il est des jours où on éprouve une fierté de présider une organisation syndicale qui bouge, agit, produit de la connaissance et organise la confrontation d’idées. L'Europe a besoin d'organisations innovantes.

La ballade irlandaise

Argent épargné auprès des établissements bancaires, argent utilisé à des fins plus que critiquables par ces mêmes banques, argent de l’Etat et de l’Europe, donc argent des contribuables au secours de l’Irlande.

On nous chante la ballade des capitaux dont les citoyens épargnants irlandais et les contribuables européens se seraient volontiers passés.

Nous l’affirmons depuis plusieurs mois : la crise actuelle est aussi une crise de la responsabilité. Ou d’irresponsabilité sociétale, selon le point de vue. Une drôle de ballade où on envoie promener la responsabilité.