"Faillite des retraites complémentaires ARRCO et AGIRC" titrent les médias après la parution du rapport de la Cour des Comptes. Ce ne sont pas les complémentaires gérées par les partenaires sociaux qui sont en faillite puisqu’elles disposent heureusement de réserves pour payer les pensions. Des réserves certes qui diminuent et pourraient s’épuiser si rien n’est fait. C’est bien tout l’objet de la négociation à venir pour pérenniser ce système par répartition.
Reculer l’âge légal à 64 ans, préconise la Cour. Ce message ne s’adresse pas aux partenaires sociaux négociateurs et gestionnaires des retraites complémentaires qui n’en ni le pouvoir, ni la légitimité mais à l’Etat responsable du régime de base. Un régime qui n’est pas en faillite par le seul artifice du recours au crédit qui gonfle la dette publique. Les partenaires sociaux n’ont donc pas de leçons à recevoir. A chacun ses responsabilités. De cela la Cour des Comptes ne parle pas.
Finalement, derrière les médias, qui a intérêt à parler de catastrophe, de faillite des régimes ? L’Etat qui verrait d’un bon œil que d’autres prennent des responsabilités qu’il ne souhaite pas assumer, les patrons qui veulent reculer l’âge légal mais infoutus de maintenir dans l’emploi leurs salariés seniors, les vendeurs de retraite par capitalisation… Sûrement pas les salariés futurs retraités qui pourraient même perdre confiance dans un système qui a prouvé sa solidité depuis plus de 50 ans.
Alors, à qui profite la peur ?
Bonne question !
L"Etat parle d'autonomie des partenaires sociaux mais leur impose bien des choses.
Quand la Cour des comptes demande aux Régimes Complémentaires de repousser l'âge de la retraite à 64 ans, je ricane en repensant à ce qui s'est passé quand l'Etat a décidé de passer ce fameux âge de 65 à 60 ans pour le régime de base.
L'âge de prise de la retraite sans décote est resté officiellement bloqué pendant assez longtemps à 65 ans pour les complémentaires. Comme les gens qui partaient à 60 ans (décision d'Etat) devaient pouvoir partir avec une pension plein pot, il y avait un système de sas, l'ASF (association pour la gestion de la structure financière) pour les gens entre 60 et 65 ans négocié entre partenaires sociaux. Il fallait bien s'adapter et se débrouiller pour trouver l'argent...
Cela dit, je trouve (et cela n'engage que moi) que mettre un âge de départ est parfaitement idiot. La moindre des choses serait de tenir vraiment compte des années de travail et de l’espérance de vie, qui est tout à fait différente selon le type de travaux effectué. Les retraites pour carrière longue, les départs anticipés, le compte pénibilité... ce n'est pas mal en soi mais que c'est compliqué. A quand la réforme systémique qui fait si peur à tout le monde mais qui ferait du bien à tout le monde?
Rédigé par : Marie-Noëlle Auberger | mardi 16 décembre 2014 à 21h32