L’administration française est invitée à passer à la lean administration, ou administration « agile », « mince », alors que dans le privé, ses principaux instigateurs, comme Toyota, l’ont abandonnée voici près de 15 ans, cette méthode de management s’étant révélée inefficace et néfaste pour la santé des salariés. Faire toujours plus vite avec des moyens réduits, subir sans cesse le contrôle du travail par les indicateurs, autant de facteurs qui créeront de la souffrance au travail.
Prônée par les consultants (internes et externes) de la Direction Générale de la Modernisation de l’Etat (DGME), la Lean administration consiste à supprimer temps morts et gaspillages, de réorganiser le travail afin que le même nombre de personnes puisse faire beaucoup plus de travail dans le même temps. Il s’agit aussi de réduire les délais en éliminant tout ce qui est susceptible de ralentir le travail.
Cette démarche fait partie du DNO (Document national d’Orientation stratégique) des préfectures. Les hôpitaux et les autres services publics, et en particulier ceux qui ont été créés par des regroupements départementaux dans le cadre de la RGPP, sont incités à s’y mettre aussi. Or, même si elle utilise les mêmes mots, la Lean administration est en fait très largement opposée à la démarche de confiance et d’engagement collectif. Il s’agit au contraire d’une démarche d’enrôlement des salariés, pour les obliger à atteindre des objectifs toujours plus difficiles.
Lean est un qualificatif donné par une équipe de chercheurs du Massachussetts Institute of Technology (Mit) au système de production Toyota. L'école de gestion de la production dite Lean (littéralement : « maigre », « sans gras », « dégraissée », parfois traduite par « gestion sans gaspillage » ou par « gestion allégée ») recherche la performance (en matière de productivité, de qualité, de délais, et enfin de coûts) par l'amélioration continue et l'élimination des gaspillages (muda en japonais).
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