Propos recueillis par David Giraud - Fil AFP-Liaisons Sociales
Le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, qui s'exprimait en marge de la "Rencontre nationale des cadres des fonctions publiques", organisée ce 25 mars à la Bourse du travail de Paris, estime que les cols blancs du secteur public vivent un véritable malaise. Il est urgent, indique-t-il, de porter leurs conditions de travail sur le devant de la scène.
Liaisons Sociales : Quels enseignements tirez-vous de l'enquête rendue publique cette semaine par la CFDT sur les cadres de la Fonction publique ?
François Chérèque : Je retiens surtout le sentiment de malaise chez ces salariés. C'est en effet la première fois qu'il est aussi important dans l'encadrement de la Fonction publique. En dépit d'un attachement fort pour les missions qu'ils conduisent et pour les valeurs portées par le service public, les cadres sont désabusés. A cela s'ajoute une perte de sens du travail. Il y a une forme de rupture qui commence à apparaître entre les cadres et leur administration. Ce type de ressenti est vraiment nouveau. Enfin, il y a une souffrance liée à l'absence de reconnaissance du travail fourni par les cadres de la Fonction publique qui, on le sait, sont moins bien rémunérés que dans le privé.
Liaisons Sociales : Comment répondre à ce malaise ?
F. C. : Il faut en priorité répondre à cette demande de reconnaissance. Certains cadres interrogés dans l'enquête lançaient ce cri d'alarme : « reconnaissez notre d’existence ! ». L'élément central, c'est le développement du dialogue social. Il peut y avoir des désaccords, avec la hiérarchie, sur la politique mise en place, mais il faut pouvoir s’exprimer. Or ces cadres manquent cruellement de lieux d'expression. Au niveau individuel, il faut libérer des espaces de paroles, où ces personnels pourraient s'exprimer sur l'organisation et les conditions de travail. Au niveau syndical, nous devons davantage épauler cette population. Depuis plus de 20 ans, la priorité syndicale est l’emploi. Or, nous avons un peu laissé de côté le fonctionnaire qui bénéficie d'une sécurité. Les conditions de travail des cadres de la Fonction Publique doivent désormais revenir sur le devant de la scène. C’est une des priorités de la CFDT.
Liaisons Sociales : Ces résultats ne marquent pas aussi les limites de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) ?
F.C. : On ne peut pas faire des réformes aussi importantes avec aussi peu de moyens et de dialogue social. Le problème se pose bien sûr pour la RGPP, mais plus globalement dans toute la fonction publique. Les syndicats doivent être associés davantage. C'est un principe simple qui se vérifie à nouveau : mettre en œuvre des réformes sans concertation ne fonctionne pas.
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