« Favoriser une meilleure prise en compte du long terme dans l’entreprise », « repenser la relation entre la sphère publique et l’entreprise », « renouveler la contribution de l’entreprise à la cohésion sociale », « redéfinir le rôle du manager »... Mais qui donc parle ainsi ? Une organisation syndicale dans l’élaboration de sa plate-forme revendicative ? Ma propre organisation, la CFDT Cadres, dans un rapport d’orientations ? Rien de cela ! Il s'agit d'un think-thank patronal, l’Institut de l’entreprise, auteur de 4 rapports portant ces intitulés ci-dessus.
L’entreprise de demain serait-elle donc si différente ? La crise aurait-elle contribué réellement à une prise de conscience sur la nécessité d’un autre modèle de développement ? Ces propositions de 8 patrons français marquent-elles la volonté de l’ensemble du patronat ? Si c’est au pied du mur que l’on reconnaît le maçon, alors, c’est à l’épreuve des faits que nous reconnaîtrons l’entreprise socialement responsable, prenant soin de son environnement, de la sphère publique et de son management.
Nous savons bien qu’entre le discours et les actes, il y a a parfois de la distance, un « grand écart » nous avaient dit les
1500 managers interrogés en 2008 par l’IRESCA, sur les comportements de leur entreprise vis-à-vis de leur environnement au regard de leurs discours. Comment réduire celui-ci ? Les propositions adoptées au congrès de
UNI Cadres à Melbourne en 2008 portant sur les 10 conditions d’exercice de la responsabilité professionnelle des cadres et managers pour mieux prendre en compte les défis sociaux, sociétaux et environnementaux, pourraient bien constituer une réponse pertinente.
Le président d’IBM France et le PDG de la RATP préconisent dans le rapport sur le rôle du management de revaloriser et renforcer les pouvoirs du manager intermédiaire. Chiche ! Nous sommes prêts à la CFDT Cadres à en discuter avec eux, à condition préalablement de bien se mettre d’accord sur la finalité de l’exercice : renforcer le pouvoir d’action socialement, sociétalement responsable, de ces managers de proximité au travail, à l’activité, au métier. Question de cohérence, tout simplement. Lorsque des grands patrons s'engagent ainsi, nous attendons une réaction du Medef. Car c’est bien au pied du mur…
Le management intermédiaire (les cadres qui font de l'animation d'équipe)seront-ils la courroie de transmission des choix directoriaux ou les co-constructeurs d'une stratégie entrepreneuriale partagée?
Et les non-managers - les cadres "professionnels" ou "experts", les autres catégories professionnelles - n'ont-ils pas un rôle dans la définition de la prise en compte du long terme et la contribution à la cohésion sociale?
Rédigé par : Marie-Noëlle Auberger | lundi 01 février 2010 à 11h10