L’égalité femmes - hommes a un coût, elle n'a pas de prix. Journée de la femme…si on parlait des hommes, si on parlait des pères : pour tendre vers l’égalité, la CFDT Cadres propose de créer un vrai congé de paternité : « 2 mois pour les pères ».
Révolution ? Impossible économiquement ? Risqué ? Si nous cassions quelques représentations.Les inégalités professionnelles pour les cadres se fondent surtout sur la conception du travail : disponibilité et investissement sans réserves. Demander un congé pour s’occuper d’un enfant, c’est acceptable pour une femme, c’est signe de désengagement professionnel pour un homme. Si le risque de parentalité est partagé entre les hommes et les femmes, si le congé paternité est un droit comme le congé maternité, les réactions seront différentes, les mentalités évolueront, les représentations de la disponibilité au travail pourront changer.
Et qui paiera ? Des entreprises paient déjà en France de une à quatre semaines de plus que les congés légaux à leurs salariés et ce ne sont pas les moins productives. Nos voisins nordiques paient jusqu’à 80% un congé paternité long et la compétitivité de ces pays n’est pas moindre. Une place de crèche, c’est un coût collectif de près de 20 000€ par an. Si le jeune enfant reste deux mois de plus au domicile parental, faites le calcul …..des fonds qui peuvent être transférés pour financer un congé de deux mois, rémunéré à 80% au minimum et réservé aux pères.
Si le risque « parentalité » est partagé, les femmes auront peut-être enfin droit à une carrière professionnelle équivalente à celle de leurs collègues hommes sans être suspectées de désinvestissement pour cause de parentalité. Parallèlement la proximité des pères avec les tout petits est de l’avis de tous, un vrai plus pour l’enfant, pour le futur des relations familiales, pour l’équilibre vie privée – vie professionnelle.
Toutes les lois sur l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes ont montré leur inefficacité. Un congé paternité de deux mois peut changer les mentalités et les comportements et être bénéfique pour tous. En cette journée particulière, osons changer de paradigme.
J'ai aussi la conviction que la vraie égalité professionnelle des femmes se joue chez les hommes. Je le résumerai par la formule lapidaire "les femmes seront l'égales des hommes dans les entreprises le jour où les hommes auront les mêmes droits que les femmes".
Cela peut être choquant sans explications mais provient d'une réflexion que la perception la plus influante que les entreprises (femmes ou hommes sans distinctions) ont des femmes provient de leur absentéisme potentiel et des maternités et du fait qu'elles sont chargées de famille. Une image qui reste ancrée dans la tête des dirigeants d'entreprise malgré le renouvellement des générations car eux-mêmes, pour leur carrière, ont dû déléguer à leurs épouses une partie des tâches familiales. Si rien n'est faisable pour la maternité, il reste en effet des voies de travail sur les autres axes. Mais le message est très difficile à faire comprendre aux femmes (celles qui se plaisent à mettre leur famille à la première place de leurs priorités devant leur carrière) qui y voient une attaque de leurs maigres privilèges sans y voir une source de plus grande égalité y compris pour elles (notamment salarial). Les Directions ont elles aussi beaucoup de mal à entendre ce discours.
Rédigé par : Marc DIJOUD | mardi 09 mars 2010 à 23h35
Bonne idée mais il faudrait quasiment qu'il soit obligatoire pour que cela passe dans les moeurs!
Jeune cadre, je me suis violemment fait reprocher par mon n+1 d'avoir pris tout mon congé de maternité. Le père aussi s'est fait reprocher d'avoir pris tout son congé paternité (trois jours à l'époque!).
Le schéma dans la tête de beaucoup de gens, c'est la femme sans enfants qui fait une carrière d'homme et la mère qui devrait travailler à mi-temps pour concilier vie professionnelle et vie familiale. Les veinardes, elles ont le droit de choisir!
Et quand une femme ne veut pas choisir (fréquent en France plus qu'ailleurs), elle est soumise à des injonctions contradictoires: en tant que cadre, elle doit se donner à 120% à son travail et en tant que mère elle doit assumer toutes les charges familiales (souvent sympas mais toujours chronophages!)
On sait que les injonctions contradictoires, cela rend fou. Comment font-elles, celles qui résistent?
Une petite anecdote (significative): j'ai vu clore une réunion sur l'égalité professionnelle par une dame (sans enfants et avec femme de ménage) par la phrase "Et maintenant, nous les femmes allons vers notre deuxième journée de travail", son adjoint (veuf et père de famille nombreuse) l'a regardée, sans rien dire...
Rédigé par : Marie-Noëlle Auberger | vendredi 12 mars 2010 à 14h57