Je suis interrogé en ce début d’année par une journaliste des Echos sur les enjeux et priorités RH en 2010. Le point de vue d’un syndicaliste, à côté de celui de quelques directeurs de ressources humaines de grandes entreprises françaises, Bouygues Construction, Alstom Transport, Sodexo, Seb, Rhodia, etc. Je lis avec beaucoup d’attention l’article qui en résulte et les expressions des DRH sur leurs priorités : « vers une mobilité accrue, réévaluer les salaires, prudence sur les embauches, travailler sur l’engagement, Cap sur les écoles, et enfin place aux actes ». Je ne peux m’empêcher de rapprocher ces expressions de celles des cadres sur le terrain des entreprises et des administrations et surtout des cadres dits intermédiaires qui nous disent très souvent : « ils sont où les RH ?, on a aucun d’appui ou d’équipement de ce côté-là, on est face à des murs et on doit se débrouiller seuls. ».
Je crains donc que les propos des RH ne seront pas de nature à les rassurer sur leurs attentes de plus de sens, de reconnaissance, de proximité des responsables de ressources humaines, d’appui et de soutien de leur part aux managers de proximité. C’est bien auprès des cadres intermédiaires qu’il me semble impératif d’agir en priorité, de passer aux actes, effectivement et efficacement. Ils ne sont pas cités, pas prioritaires. Pourquoi ?
Ce décalage est symptomatique et révélateur de la distance grandissante entre cadres, managers et leur direction générale, y compris RH. La « sur-gestion » d’un côté avec la multiplication des outils RH, d’évaluation de climat social, de mesure du stress et l’ « a-gestion » d’autre part avec un déficit criant d’équipement de proximité. La distance, le grand écart, mais jusqu’à quand ?Mobilités, engagement, diversité, image externe, attractivité, du grand classique en quelque sorte. Rien sur les conditions d’une sortie de crise autrement, pour un management plus responsable, pour une contribution effective des RH à un développement durable, équitable, plus équilibré. Certes, ils n’ont pas été à la fête ces derniers temps avec les PSE, les réductions de moyens et de coûts, un pilotage exacerbé par la valeur ajoutée actionnariale qui réduit mécaniquement leurs marges de manœuvres, mais n’est-ce pas le moment où jamais de penser l’entreprise plus humaine, la ressource humaine si fragile et si indispensable, comme facteurs clés d’un nouveau mode de développement, porteur de sens.
Si les RH veulent bien s’aventurer sur ce terrain, alors nul doute qu’il trouveront des cadres prêts à s’engager, des militants syndicaux prêts à négocier et une CFDT Cadres entièrement disposée à dialoguer, échanger et élaborer de nouvelles règles du jeu individuel et collectif dans les entreprises et les administrations. En qualité de secrétaire général d’une importante organisation cadres, j’attends des signes forts
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