Jeudi 13 janvier 2011, 20h45. Un appel important : mon portable affiche "Habib", mon ami tunisien, syndicaliste engagé depuis de très nombreuses années dans le combat pour la démocratie et la pluralité syndicale dans son pays. Sa voix est noyée d’émotion. "Jean-Paul, c’est un jour historique : le président Ben Ali vient de parler à la télévision… Il a annoncé le retour de libertés…Je voulais te prévenir en priorité".
Son émotion doit être contagieuse. Je pense à ces années qu’Habib a passé en prison puis en liberté conditionnelle, puis étroitement surveillé dans toutes ses initiatives. Je sais le prix qu"'il a payé, ainsi que son épouse et ses enfants, pour un engagement syndical : un combat pour la démocratie. Je repense à notre première rencontre il y a 10 ans lors d’une université d’été de notre réseau rassemblant syndicalistes, universitaires, chercheurs, responsables d’ONG et d’associations. Je repense à toutes ces années de coopération et de soutien de mon organisation pour tous ces combats. Tout cela n’aura donc pas servi à rien.
Quelques jours à peine se sont écoulés. Ben Ali a quitté le pouvoir et l’avenir politique est incertain. Les scènes de pillage se poursuivent. Le chaos profite toujours à certains. Les forces démocrates, les acteurs de la société civile organisée doivent reprendre la main pour écrire l’avenir du peuple tunisien en lettres de liberté. Si la démocratie n’a pas encore gagné, la dictature est vaincue. L’horizon incertain ne doit pas nous priver d’un cri de joie et de soulagement.
"Si la démocratie n’a pas encore gagné, la dictature est vaincue. L’horizon incertain ne doit pas nous priver d’un cri de joie et de soulagement."
Merci Jean-Paul, de rappeler cela à l'heure où l'on peut entendre quelques grincheux.
Rédigé par : Mylène | mercredi 19 janvier 2011 à 12h01